Un pot-au-feu, ça vous tente ?
Au coeur de l'hiver, quand le gros pull ne suffit plus à nous réchauffer, un seul remède : un bon pot-au-feu ! Le bouillon fumant nous enveloppe de chaleur, la viande tendre et parfumée enchante nos papilles. Et, à la cocotte-minute, rien de plus rapide. On prépare le plat la veille, on le réchauffe le lendemain après avoir ôté le gras à l'aide d'une écumoire. Un régal !
En évoquant la cocotte-minute, les puristes bondissent peut-être. D'une part, parce que le pot-au-feu se prépare normalement en deux temps. D'abord la confection du bouillon d'accueil puis du pot-au-feu lui-même, c'est-à-dire la cuisson de la viande et des légumes dans ce premier bouillon. Ce qui n'est pas ce qu'on fait de plus rapide ! D'autre part, parce que le pot-au-feu doit "sourire", ce qui signifie que l'eau ne bout pas mais frémit. Difficile à respecter à la cocotte-minute ! Enfin, parce que selon les livres anciens, on démarre la cuisson de la viande à chaud (une histoire de cuisson par concentration des saveurs opposée à celle par extraction remise en cause dans le Traité élementaire de cuisine d'Hervé This), ce qui est peu envisageable avec la cocotte-minute. Mais comme tout le monde s'accorde à dire qu'on peut aussi la démarrer à froid, ce qui donne un bouillon plus limpide et plus goûteux, nous voilà sauver !
La cocotte-minute est donc très pratique pour réaliser un pot-au-feu en deux temps, trois mouvements !
Quels morceaux choisir ?
Pour réaliser ce plat, le choix de la viande est primordial. Panacher les morceaux gélatineux, entrelardés et maigres est indispensable pour obtenir un bouillon parfumé.
Parmi la viande gélatineuse, on préfère la queue, la joue, le gîte, le gîte arrière, le jumeau de macreuse ou d'épaule.
Pour les morceaux entrelardés, on opte pour le plat de côtes, le tendron ou le flanchet.
Quant à la viande maigre, on choisit entre le paleron (encore appelé macreuse à braiser), la veine grasse, la griffe délaissé ou la bavette maigre.
La ronde des légumes
Les légumes ne sont pas oubliés pour autant. Carottes, poireaux, navets, mais aussi panais ou rutabagas..., on se laisse attendrir par cette ribambelle joyeuse qui n'attend que notre fourchette pour être écrasées avec un morceau de beurre salée, comme dans notre enfance.
L'art de le déguster
Ce qui est appréciable dans le pot-au-feu, c'est qu'on le mange de multiples façons. Tel quel, on parsème la viande de fleur de sel et on l'accompagne de cornichons et de petits oignons blancs, de moutarde, des carottes de la cuisson et de pommes de terre vapeur.
On sert le reste de viande tiède, en salade, coupée en dés, avec des pommes de terre et un oignon rouge émincés. Ou encore en tranches, réchauffée dans une sauce tomate bien relevée, avec des coquillettes.
On réalise une terrine de boeuf en gelée (avec la viande effilochée et les carottes en dés) ou un hachis Parmentier (avec le reste de viande moulinée, revenue avec un oignon, et une purée de pommes de terre, le tout cuit au four pendant 15 minutes).
Le bouillon, un plat à lui tout seul
On le déguste nature, avec une poignée de vermicelle ou "à la frapouille" (comme on l'appelle parfois en Lorraine, c'est-à-dire avec un oeuf battu).
Au préalable, on prend soin de le filtrer pour enlever les impuretés et le rendre plus limpide. On retire d'abord la viande, les légumes et les aromates avec une écumoire puis on passe le bouillon dans un chinois recouvert d'un torchon propre.
Une autre méthode consiste à clarifier le bouillon avec un blanc d'oeuf. Pour cela, on retire la viande et les légumes, on y jette un blanc d'oeuf (pour 2 litres de bouillon) battu en neige, on laisse frémir quelques minutes puis on tamise. Ainsi traité, le bouillon devient "consommé". Seul bémol, il perd du goût.
Le bouillon sert aussi à cuire le boeuf ficelle, à confectionner la soupe à l'oignon et entre dans la composition de sauces.
Prévenante, on le conserve donc au congélateur dans des bacs à glaçons et différents récipients en plastique (de 25cl à 50cl). Attention à ne pas trop les remplir, car, en congelant, le volume augmente et les contenants éclatent !
Vous l'aurez compris, quand on prépare un pot-au-feu, mieux vaut prévoir large dans les quantités !
Pot-au-feu
- 500g de gîte-gîte ou jumeau de macreuse
- 500g de plat de côtes ou de tendon ou de flanchet
- 400g de veine grasse ou de paleron
- 1 joue de boeuf parée
- 1 queue de boeuf coupée en morceaux et dégorgée à l'eau fraiche
- 8 carottes
- 4 navets
- 2 blancs de poireaux
- un bouquet garni : 1 petit bouquet de persil, 2 feuilles de laurier, 2 brindilles de thym, 1 petite branche de céleri, le tout ficelé dans le vert des poireaux
- 2 oignons piqués de 3 clous de girofle
- du gros sel, du poivre
Dans la cocotte-minute, mettre 2 litres d'eau et la viande à tempéraure ambainte.
Porter à ébullition. Ecumer.
Ajouter les légumes épluchés, le bouquet garni, le sel, le poivre.
Fermer la cocotte-minute et porter à ébullition. Dès que la vapeur s'échappe, baisser le feu et laisser cuire à frémissements 50 minutes.
Laisser refroidir et dégraisser à l'aide d'une écumoire.
Au moment du repas, réchauffer puis égoutter la viande. La servir avec des cornichons, de la fleur de sel, de la moutarde, les légumes et des pommes de terre cuites, à part, à l'eau salée ou à la vapeur.
Servir au préalable ou au cours d'un autre repas, le bouillon tel quel, épaissi avec du vermicelle ou clarifié.