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Mag'cuisine
19 mars 2020

Le meilleur, c’est le beurre !

Avec le printemps qui pointe le bout de son nez, le beurre entre dans sa pleine saison. Celle où les arômes herbacés et floraux sont décuplés. Et dire qu'à coup de margarine et d’huile d’olive, on a voulu, en quelques années, nous faire croire que le beurre n’avait rien à faire dans notre alimentation. Pourtant, il n’en est rien car cette matière grasse ne manque ni d’atouts, ni d’attraits en cuisine. La preuve par 12. 

Apparu au XVème siècle dans la cuisine française, ce n’est qu’à la Renaissance que le beurre s’affirme dans les pâtisseries et les sauces, remplaçant le pain dans le roux. Comme le souligne l’historien et chercheur Patrick Rambourg*, « le beurre et le lard sont les matières grasses les plus employées de la cuisine des Lumières, loin devant l’huile d’olive rare dans la cuisine du Grand Siècle, à l’exception du monde méditerranéen ».

Un triomphe de quelques siècles avant sa décadence tout aussi triomphante à partir des années 1970-80 lorsque le beurre est décrété ennemi public n°1, face à l’huile d’olive, qui inspire une cuisine saine et légère. Or, pour la première fois en 2012, une équipe de scientifiques chapeauté par le Dr Frédéric Tessier** a démontré que le beurre chauffé n’est pas mauvais pour la santé. De quoi rassurer les inquiets, clouer le bec aux sceptiques et redonner toutes ses lettres de noblesse à cet incontournable de la gastronomie française !

beurre pain

1. C’est un produit noble, issu d’un savoir-faire ancestral

Consommé depuis au moins 4500 ans, le beurre est fabriqué selon le même procédé depuis tout ce temps. 100% naturel, il est fait uniquement de lait : il en faut 22 litres pour obtenir 1 kg de beurre.

La crème, issue du lait, passe en baratte traditionnelle ou enbutyrateur (la technique industrielle) pour y subir un choc mécanique et thermique et séparer ainsi le gras (sous forme de petits grains jaunes) du babeurre, ce petit-lait aigre appelé ribot par les Bretons ou guinse par les Ch’tis.

Lavés à l’eau pure, les petits grains sont ensuite malaxés, à la main ou en machine, jusqu’à l’obtention d’une texture soyeuse et homogène, éventuellement salé au sel fin ou aux cristaux de sel, puis façonnés en plaquettes.

D'ailleurs, saviez-vous qu'un beurre demi-sel contient entre 0,5 et 3% de sel, un beurre salé plus de 3% ?

2. Il offre une belle palette de goûts

Simple dans sa fabrication, le beurre en est pour autant complexe. Selon la saison et l’alimentation des vaches, sa couleur, son odeur et ses saveurs changent. Ivoire en hiver, le beurre devient jaune d’or au printemps et en été car l’herbe consommée par les vaches est plus riche en carotène et chlorophylle que le fourrage. On dit même qu’il compte 216 arômes différents. Pas étonnant que les trois AOP françaises captivent autant les cuisiniers et les pâtissiers : les beurres d’Isigny, de Charentes-Poitou et de Bresse offrent des saveurs herbacées et florales rehaussées de notes de noisette liées à une lente maturation biologique des crèmes.

En-deça du goût, le beurre varie aussi à l'oeil selon la saison. Un aspect qui ne vaut malheureusement pas pour tous les beurres, selon qu’ils sont fabriqués à la main ou non, à partir de crèmes crues, pasteurisées, congelées…

3. Cru ou pasteurisé, c'est selon

Fabriqué à partir de crème crue, le beurre cru est un produit fragile, qui ne se conserve pas longtemps, mais c’est sans aucun doute, le plus riche en goût.

Beurre extra-fin et beurre fin sont tous les deux réalisés à partir de crème pasteurisée, ce qui permet d’éliminer les micro-organismes indésirables et de les conserver plus longtemps. La législation impose que le beurre extra-fin soit fabriqué dans les 72h après la collecte du lait, avec une crème non congelée et barattée dans les 48h maximum.

En revanche, le beurre fin peut contenir 30% de crème congelée. Du coup, il ne subit pas forcément les variations de saison et peut contenir du lait de terroirs différents selon les zones de collecte de lait. Avec lui, pas de surprise : c’est un produit constant et uniforme.

4. Il est moins calorique que l’huile

Aujourd’hui encore, 43% des consommateurs français pensent que le beurre est plus gras que l’huile. Beaucoup préfèrent cuisiner à l’huile ou à la margarine qu’au beurre. Pourtant, le beurre n’est composé que de 82% de matières grasses, comme la margarine, contre 100% pour l’huile.

1 noix de beurre = 10g = 75Kcal

1 cuillérée à soupe d’huile = 10g = 90Kcal

Pour rappel,

  • le beurre tendre est un beurre classique comportant 82% de MG, retraité pour qu’il soit facile à tartiner

  • le beurre allégé, fabriqué à partir de crème allégée et pasteurisée, contient 60 à 65% de MG et supporte très mal la cuisson

  • les spécialités laitières contiennent de 39 à 41% de MG et n’ont donc pas droit à l’appellation beurre

De quoi revoir ses aprioris !

5. C’est un atout pour la santé

Les diététiciens sont aujourd’hui unanimes : en quantité raisonnable, le beurre est indispensable dans une alimentation saine et équilibrée. Pourquoi ? Parce qu’il contient plus de 400 acides gras différents : 65% d’acides gras saturés (ce qui, en excès, se traduit par du cholestérol), 30% mono-insaturés et 5% polyinsaturés, les fameux oméga 3. Des matières grasses essentielles au fonctionnement de nos cellules, qui apportent à notre corps une part de l’énergie dont il a besoin, et qui permettent au beurre d’être très digeste et rapidement absorbé par l’organisme.

En plus, le beurre contient de la vitamine D – qui est indispensable à la fixation du calcium sur les os et joue un rôle sur l’immunité –, E – l'alliée du coeur car anti-inflammatoire – et A – nécessaire pour la croissance et la vision, barrière contre les infections et certaines agressions et facteur d’une belle peau. D’ailleurs, le beurre est la seule matière grasse à contenir naturellement de la vitamine A et 20 g de beurre par jour couvrent près de 30 % de nos besoins journaliers.

beurre pâte

6. C’est un texturant hors pair

« Clarifié, composé, manié, mousseux, noisette, noir, pommade, aromatisé, le beurre est l’allié des pâtissiers et l’atout des cuisiniers », relève Frédérick e. Grasser Hermé***. On a peut-être tendance à l’oublier, mais le beurre est un ingrédient indispensable pour lier les roux, émulsionner les sauces, rôtir les viandes, rissoler les pommes de terre, dorer les tartes …

Nourries à l’herbe fraiche, les vaches donnent un lait plus gras, au fourrage, un lait plus maigre. Selon le terroir, la saison et l’alimentation, le beurre n’a donc pas les mêmes qualités. En pâtisserie, son choix est alors primordial :

- Un beurre sec (beurre d’hiver, de Poitou-Charentes, de Picardie) possède une texture ferme et extensible, un point de fusion haut (entre 34 et 38°) et constant capable de résister à l’échauffement des tourages et à la température de travail, un développement régulier à la cuisson. Ce beurre, équivalent du beurre « de tourage » des professionnels, est parfait pour le feuilletage.

- Au contraire, un beurre gras (beurres de printemps, de Normandie, de Bretagne) ramollit plus vite et ne supporte pas aussi bien la chaleur parce qu’il a un point de fusion plus bas (25/30°). Mais ce beurre, équivalent du beurre « d’incorporation », est idéal pour des brioches bien levées et des crèmes au beurre aérées.

Dans tous les cas, la pâtisserie nécessite un produit traditionnel à 82% de MG. Pas moins. Exit les beurres allégés et les spécialités laitières !

7. A chaque pâtisserie, une texture

On ne le sait pas forcément mais la texture même du beurre a une conséquence dans son usage.

- Un beurre bien froid permet d’obtenir du craquant, du croustillant. Idéal pour réaliser une pâte à tarte. Pour cette raison, une pâte ne doit pas être trop travaillée, que ce soit à la main et plus encore au robot, afin de ne pas chauffer le beurre.

- Le beurre fondu procure une texture dense et une mâche en bouche. Parfait pour les madeleines. Le bémol, c’est qu’elles peuvent alors manquer de moelleux. Un souci que le célèbre pâtissier Philippe Conticini corrige avec un complément d’huile. Le beurre de cacao apporte d’ailleurs aussi ce moelleux.

- Le beurre pommade, au contraire, provoque une émulsion, d’où une texture plus aérée mais moins dense qu’avec du beurre fondu. Il est donc remarquable pour une génoise.

- Quant au beurre noisette, fondu et chauffé lentement pour faire brunir les protéines et le lactose qui lui confèrent des arômes puissants de noisettes torréfiées, c’est l’ingrédient phare des financiers.

8. C'est un capteur d’arômes exceptionnel

Le beurre est un aliment sans pareil pour capter les arômes des ingrédients qui l’accompagnent et mieux les révéler. La preuve : une gousse de vanille dans de l’huile d’olive, et ce sont les arômes d’olive qui prédominent ; dans le beurre, ce sont ceux de la vanille qui l’emportent.

Demi-sel, le beurre exhausse davantage encore le goût du cacao. Incontournable dans un moelleux au chocolat.

9. L'eau protège le beurre cuit

Avant tout, il faut savoir que le beurre incorporé dans une préparation cuite au four à plus de 130° (ce qui est le cas d’un gâteau par exemple) ne s’altère pas, car il est protégé par l’amidon de la farine contenu dans la préparation et la vapeur d’eau dégagée.

En revanche, le beurre qui chauffe seul est plus vulnérable. On en a d'ailleurs tous fait le constat en cuisine : une fois le beurre fondu (à 40°), il grésille et s’arrête (à 100° quand l’eau s’est évaporée), devient noisette (120°), puis noirci (130°)… et brûle irrémédiablement. 

Certains livres affirment qu’il suffit d’ajouter de l’huile dans le beurre pour l’empêcher de brûler. Quelle hérésie !

En réalité, pour augmenter le temps de cuisson du beurre, il suffit de l’allonger avec de l’eau lorsqu’il n’en contient plus. Ajouter à ce moment la viande, le poisson ou les légumes (qui contiennent eux-mêmes de l'eau) permet ainsi d’abaisser la température mais n’est parfois pas suffisant. Le mieux est donc d’y incorporer un peu de beurre, de cidre, une infusion de légume… et ce, autant de fois que nécessaire tout au long de la cuisson.

10. Clarifié, le beurre peut cuire sans brûler

L'autre solution, c'est d'utiliser du beurre clarifié. En effet, en supprimant le lactose et les protéines du beurre, celui-ci supporte des cuissons jusqu’à 180° sans brûler ! Pour cela, il suffit de faire fondre le beurre dans une casserole à feu très doux et sans remuer. Otez la mousse qui se forme en surface puis versez le corps gras avec délicatesse dans un autre récipient en laissant au fond le petit lait. Le beurre ainsi clarifié se conserve 3 à 4 semaines au frais.

11. Brûlé, il n’est pas aussi néfaste qu'on le prétend

Comme tous les aliments brûlés, le beurre devient acide, âcre et immangeable ! Pourtant, d’après les expériences du Dr Tessier, même chauffé à 180°, le beurre contient une quantité de molécules néfastes pour la santé bien inférieures à celles que l’on trouve dans les poudres de cacao, les céréales du petit-déjeuner, le café instantané, le pain ou la viande.

Donc, quand bien même il arriverait que l’on consomme du beurre brûlé (mais quelle idée farfelue vu que ça n'était pas très agréable au goût !), inutile de s’affoler : il n’est ni toxique, ni cancérigène… CQFD.

12. Le beurre noir, un abus de langage

L’aile de raie au beurre noir n’a jamais été un plat contenant du beurre brûlé, à moins d’être un piètre cuisiner ! D’ailleurs, contrairement à ce qu’on entend parfois, ce plat n’a jamais été interdit en restauration : il n’existe aucun décret, aucune loi à ce sujet.

En réalité, il s’agit d’un beurre noisette décuit à l’acidité des câpres. Or, lorsque l’eau contenue dans le beurre s’évapore, les caséines et le lactose (protéines et sucres du lait) chauffent et brunissent : c’est la fameuse réaction de Maillard. Additionné de vinaigre, le beurre prend une couleur brun-noir, tout simplement ! Alors pourquoi se priver de ce mets délicat ? 

beurre façonné

* Patrick Ramboug, historien et chercheur spécialiste de la cuisine et de la gastronomie, auteur entre autres de Manger gras. Lard, saindoux, beurre et huile dans les traités de cuisine du Moyen-âge au XXème siècle, article paru en 2009

** étude réalisée en 2012 par l’Institut Polytechnique LaSalle-Beauvais pour le CNIEL (Centre National Interprofessionnel de l’Economie Laitière)

*** Frédérick e. Grasser Hermé, Le beurre, dix façons de le préparer, Les éditions de l’Epure, 2009

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