L'Obione bouscule le Littré !
Audacieux, voilà comment je qualifierais Sébastien Godefroy. Aux fourneaux du restaurant La Sélune à Ducey pendant quelques années, le temps d'être distingué par Gault et Millault, le jeune chef de 36 ans a repris, en septembre dernier, le Littré, une institution avranchinaise qu'il a entièrement transformé ces dernières semaines pour en faire un lieu qui lui ressemble.
Finis les tentures sombres d'un autre temps, les meubles régionaux, les tables qui s'accumulent dans les trois salles de l'établissement... Sans pour autant faire table rase du passé, l'Obione (c'est aujourd'hui son nouveau nom, en référence à une herbe hollophile des prés-salés) dépoussière les lieux. Le plafond de verre art déco, les moulures, les anciens miroirs et les cheminées en marbre côtoient désormais les murs gris et kakis, les fauteuils de velours bleus, rose fuchsia et verts, les appliques en forme de singes, les suspensions filaires, la claustra, les mange-debouts... Un espace salon cosy chic accueillera des apéritifs dînatoires (avec possibilité de privatiser la pièce pour 8 à 15 personnes).
L'établissement qui n'avait pas changé depuis des années se veut dans l'air du temps, n'en déplaise aux nostalgiques. Une audace pleinement assumée par Sébastien Godefroy qui souhaitait un restaurant à l'image de ses assiettes.
Et, de ce côté-là aussi, il y a de l'audace ! Ce midi-là, le menu Vent des grèves offre 3 amuses-bouches originaux : servis au salon, rillettes de canard, madeleine à l'encre de seiche et craker nous mettent en appétit sans rassasier.
Le maquereau de la Manche façon gravlax, pomme verte (en brunoise et en gelée) et herbes sauvages est léger, parfumé et très rafraichissant. Un sponge-cake, signature du chef qui le glisse aussi bien dans ses assiettes sucrées que salées, apporte du corps à l'ensemble. Le cidre des vergers de la retenue de la cuve d'Etienne Leroy s'accorde à merveille avec.
La poitrine de cochon du Val de Sée est parfaitement grillée. Elle est accompagnée d'un jus au miel et épices, de fèves et d'un houmous de cacahuètes, surprenant sur le papier mais très agréable en bouche et d'une grande finesse.
Le dessert joue avec raffinement sur des textures lactées : en mousse, en crème, en biscuit. Cela fond, cela croustille et très léger.
Déjà testée en décembre dernier, la cuisine de Sébastien Godefroy m'avait paru trop complexe, comme si le chef voulait montrer tout ce qu'il appréciait au point d'en faire peut-être un peu trop. Mais, ce déjeuner aux saveurs printanières m'a enchanté. Savoureux, il fait la part belle aux produits locaux, surprend sans dérouter et appelle à revenir !
Service simple et attentionné. Bonne idée d'avoir retiré les nappes qui nécessite d'être parfaitement repassées, mais d'avoir choisi de très beaux ronds de serviette en passementerie artisanale. Ce sont les détails qui font la différence.
La devise du chef est de penser qu'on peut se faire plaisir sans dépenser une fortune et c'est réussi. Ce menu à 28€ est d'un bon rapport qualité-prix. Les autres menus oscillent entre 16 et 45€.
Bravo Chef et bonne route !
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Obione Restaurant
8, rue du Dr Gilbert 50300 Avranches
02 33 58 01 66
Fb @obionerestaurant